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18/01/2007

Feuille, caillou, ciseau, ombre [II]

 

 

Je me demandais pourquoi on voit tant de silhouettes, d’ombres (que le français dit chinoises) dans les dessins, les affiches, les journaux depuis quelque temps. Je sentais un lien avec le cut-up, la citation, la compilation, le souvenir. Comme si ces dessins n’existaient pas pour eux-mêmes, mais pour leur capacité à convoquer autre chose (venant du passé, de l’extérieur de la caverne), et que cette autre chose restait intouchable.
 
Un objet — n'importe quoi: une main, un bout de carton, des babioles; une source de lumière; un écran. Ombre chinoise. Regardons le classique «deux mains font un lapin». Les mains (réelles) sont invisibles. Le lien entre elles (un corps), les liens en elle (les articulations) disparaissent pour faire apparaître de nouveaux liens, des hyper-liens purement figuratifs formant le corps et les articulations d'un lapin.


09:10 Publié dans Ombres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, dessin, ombres, lapin |  Facebook

17/01/2007

Feuille, caillou, ciseau, ombre [1]

 

Nicolas Leto, gouaches sur papier, 2006.

 

«Mais j'en rapporte comme une ombre parfois,
qui relie entre elles les quelques roches de mots
que j'entasse au large d'un tel paysage (…)»

Edouard Glissant

 

Je me rends compte dès le titre, dès maintenant, que le sujet m'échappe. Je le place sous le signe de l'ombre. Du chat noir dans un tunnel. L'ombre relie les concrétions de pensée et forme un paysage qu'il faudra se contenter de traverser sans pouvoir en répertorier tous les aspects. Le chat noir et le tunnel ne font qu'un: j'aurais tant voulu distinguer quelque chose.

J'ai passé trois jours cloué sur un lit pliable dans un cottage de l'East Sussex, grelottant et fiévreux, méditant sur une phrase que je voyais s'inscrire en lettres de feu dans le papier peint Laura Ashley hors d'âge de ma chambrette: «Plus un dessin est infra-mince, plus il est hyper-lié».

J'ai aimé cette phrase et j'ai remercié le ciel de me l'avoir confiée, mais j'ai senti qu'elle était trop grande pour moi. Ensuite, j'ai cru comprendre (et je me suis trompé): «Le dessin contemporain fonctionne selon le mode opératoire de l'ombre.» Cette phrase-là m'ennuyait à mourir. J'en ai cherché une autre et j'ai trouvé ceci: « Le trou est l'élément unificateur de l'œuvre.» (Pierre Bismuth). Et encore: « La représentation de dispositifs ou de systèmes engendre l'espace entre les choses: les objets qui, présentés, ne doivent en aucun cas se toucher. Chacun pour soi.» (Robert Ireland).