18/02/2007
Désinvolte?
J'entame ma quarante-huitième heure de fièvre — je vous passe les détails.
Je vous propose de regarder un peu de peinture. David Hominal a bénéficié d'un large espace pour son premier «one-person-show» dans un cadre institutionnel, le Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, à savoir deux salles de l'exposition «Accrochage [Vaud 07]. Voici deux reproductions de peintures, dont l'artiste m'a transmis titres, dates de réalisation et formats. (Merci à lui pour ces précisions).
Question du jour: lorsque David Hominal se place ainsi dans la lignée de la grande peinture espagole, dont la magie opératoire des noms élus est si puissante (szach), est-ce un geste désinvolte?
— Aïe, je retourne me coucher…
David Hominal, VelasquezGoyaHominal, 2006, acrylique sur toile, 200x150 cm
David Hominal, Sans titre, 2006, mine de plomb et stylo sur papier, 17 x 24 cm
David Hominal, BullShit, 2006, email sur toile, 200 x 150 cm
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14/02/2007
Désinvolture
J'ai passé une semaine magnifique à lire les commentaires de haut vol sur la note précédente. (Pas grand monde pour Lalloz — tant pis tant mieux). Dans ces commentaires, la question a tourné autour de l'objet de la désinvolture: une dette de vérité, un ciel à creuser, un prince à courtiser, la croyance à une cause. La désinvolture qui m'intéresse ici est celle du peintre. Qu'est-ce qu'un peintre désinvolte? La peinture a-t-elle des comptes à rendre à une vérité? à un ciel? à un prince? à une cause?
Ce que je vois, c'est que l'objet de la désinvolture est toujours une autorité menaçante, et que ça implique qu'on y croie. La désinvolture et la croyance sont du même côté de la médaille. Qu'y a-t-il de l'autre côté? Lalloz, de ce que j'en comprends, pose que l'inverse de la désinvolture n'est pas la croyance, mais la reconnaissance. C'est une chose différente que de croire au prince, au ciel, à la Vérité, à une cause ou de les reconnaître. Le désinvolte croit à la cause mais s'en dégage, le non-désinvolte reconnaît la cause et prend position.
En peinture, je prends par exemple la phrase de Cézanne: «Je vous dois la Vérité en peinture, et je vous la dirai». A mon sens, elle a été comprise à l'envers. Cézanne ne croit pas à la Vérité en peinture — autrement dit, il ne croit pas à la peinture. Si c'était le cas, sa phrase aurait été plutôt: «Je vous dois la peinture en Vérité, et je vous la peindrai » (Une phrase que Malévitch, lui, aurait pu signer). Version Duchamp: «Je vous dis la Vérité sur la peinture, et je ne vous (lui) devrai rien.»
On retrouve ça dans une autre phrase archi-rebattue: «Je ne cherche pas, je trouve». Chercher, c'est croire qu'il y a quelque chose, trouver, c'est reconnaître ce qu'il y a.
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