07/08/2006
— particulièrement en peinture —
«Tu comprends, lui avait-il dit en plissant son front pur et en vidant vigoureusement sa pipe, je considère qu'il y a dans l'art — particulièrement en peinture — quelque chose de féminin, de morbide, d'indigne d'un homme fort. J'essaye de lutter contre ce démon parce que je sais la façon dont il perd les hommes. Au cas où je me livrerais entièrement à lui, c'est une vie non pas tranquille et mesurée, avec une quantité limitée de chagrins, une quantité limitée de plaisirs, avec des règles précises sans lesquelles tout jeu perd son charme, ce n'est pas cette vie-là qui m'attend, mais la confusion totale ou Dieu sait quoi! Je serai tourmenté jusqu'à ma tombe, je ressemblerai à ces malheureux que j'ai rencontrés à Chelsea, à ces imbéciles vaniteux aux cheveux longs, vêtus de blousons de velours, détraqués, faibles, n'aimant que leur palette poisseuse…»
Nabokov, La Vénitienne
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04/08/2006
Bruit de fond
Si je comprend bien cette annonce reçue ce matin, l'artiste San Keller va lire l'intégralité des procès-verbaux des AG de la société suisse des beaux-arts pendant 27 heures sur trois jours, dans le cadre des festivités du 200ème anniversaire de cette vénérable (évidemment) institution.
Il y a une mode de ces lectures-marathon, mais jusqu'à présent il s'agissait de rendre inaudibles par surdose de grands textes (Walser au centre culturel suisse de Paris, Don Quichotte par Jacques Roman), mais là, on aura même plus besoin de faire semblant de s'intéresser à ce qui va se lire, puisqu'on sait d'avance que ce sera complètement idiot. On pourra se laisser bercer par le ronron de Keller (on espère au moins que sa voix est agréable).
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