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24/01/2007

Feuile, caillou, ciseau, ombre [VIII]

Spectacle d’ombres chinoises: avant que ça commence, dans la pénombre de la salle où ils sont assis, les spectateurs distinguent une toile blanche, inerte, inutile, un écran vide. Puis une lumière s’allume, l’écran disparaît de la vision consciente pour laisser la place aux ombres animées. Pour de nombreux dessins contemporains, ce qu’on appelle abusivement le support est en fait un écran, souvent interchangeable et parfois éphémère: mur, sol, moniteur vidéo, etc. Et si c’est une feuille de papier qui est utilisée, c’est en tant que section arbitraire d’une surface imaginée comme infinie. Les bords de la feuille ne font pas partie du dispositif. Une installation d’Alain Huck (Siemens primus linear accelerator landscape, 2005)



joue sur ce principe. De grands dessins sont accrochés au mur ; installés en face, de puissants spots de théâtre (des découpes) projettent chacun un carré de lumière aveuglante sur les dessins : l’illusion est parfaite, on croit que le dessin apparaît grâce à la projection. Ce n’est qu’en s’approchant au plus près du dessin qu’on découvre qu’il est bien réel (et qu’il est dessiné sur une feuille qui a des bords), mais dans cette position, le voilà perturbé par notre ombre projetée.

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