18/09/2006
Interlude Rembrandt
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17/09/2006
Scheibitz, suite
Je pose ici ma réponse au commentaire de Gaspard Gardner:
Comment peut-on être si sûr que Klee ne concourt pas? N'est-ce pas ici la légende moderniste qui parle?
Klee a quand même fondé une école, participé au mouvements artistiques les plus pointus de l'époque, théorisé sans cesse, etc… N'a-t-il pas lui aussi «exercé un langage pictural donné selon un programme précis»?
Par contre, je suis d'accord de dire «qu'il cherche spécifiquement un non-lieu qui échapperait aux sanctions relatives à la victoire ou à la défaite». La question est de savoir pourquoi. Par modestie? par ruse? par crainte?
Je relis Thierry de Duve et je comprends ceci: l'horizon de l'art moderne est la toile vierge. C'est ce que Duchamp a compris dès 1917, et que les peintres ont fini par comprendre en 1950. Mais cet horizon de la toile vierge s'est dessiné dès le début de l'art moderne, disons vers 1860, avec la phrase de Cézanne: «Je vous dois la Vérité en peinture et je vous la dirai», et celle de Baudelaire à Manet: «Vous n'êtes que le premier dans la décrépitude de votre art».
A partir de là, De Duve le montre très bien, la toile vierge est la sanction suprême, l'ultime totem auquel on essaie d'échapper tout en courant vers lui à toutes jambes. Voilà pour moi le sens de l'«errance» de Klee et des autres modernes, voilà pourquoi ils nous en imposent – ils sont en danger, ils luttent, ils essaient d'échapper à la sanction tout en la mettant en œuvre(s).
Pour nous, pour Scheibitz, la sanction est tombée, il n'y a plus de manque (le manque me manque), plus de danger (plus le danger est grand, plus grand est ce qui vient au secours). C'est ça qui nous manque, c'est là qu'on est en danger.
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