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04/01/2007

Un après-midi avec Carolyn Trant et Peter Chasseaud

((N'oubliez pas de voter pour ATLAS au Concours du Festival de Romans de la création internet !))

  

J'ai eu le plaisir de passer le dernier après-midi de l'année dans la cuisine-atelier de Carolyn Trant et Peter Chasseaud, deux artistes du livre établis à Lewes dans l'East Sussex. Autour d'un verre de Gluhwein, nous avons parlé livres, carton, gravure, découpage et papier; impression, distribution et salons. Peter Chasseaud est un géographe,topographe et cartomane précis et nostalgique. Ses derniers livres consacrés à la Tamise et à la gare londonienne de Kings Cross, sont des compilations d'images, de cartes, de photographies d'archives (les siennes aussi, qui s'étendent sur 40 ans d'activité), de notices autobiographiques, géologiques et historiques.

Carolyn Trant a développé une pratique très personnelle d'estampe à base de carton de récupération découpé (souvent des emballages de corn flakes). Elle fabrique son propre papier, imprime et relie tout elle-même dans sa cuisine imprimerie. Les textes sont découpés dans le carton et les images souvent polychromes sont extrêmement longues à produire. Elle crée un monde phantasmagorique plein de souvenirs de contes pour enfants et de mythologie, et de cinéma expressioniste allemand, et réalise parfois des livres en exemplaire unique qui sont de veritables décors de théatre à tiroirs sans fonds et à compartiments escamotables.

Leurs livres sont régulièrement présentés dans les salons de livres d'artistes en Grande Bretagne et sur le continent. J'ai trouvé sur la toile quelques lignes sur Carolyn Trant: www.foursquarearts.co.uk, et quelques unes sur Peter Chasseaud: www.rocketfm.org.uk

 


Carolyn Trant & Peter Chasseaud, Lewes, 30 décembre 2006.


Peter Chasseaud, «Thames, the London river», Altazimuth press, 2005,
 

Carolyn Trant, détail d'un emboîtage en carton.




Carolyn Trant, vue partielle de «Beauty», Parvenu Press, 2005,



14/10/2006

On a retrouvé le Major Davel


Sophie Calle,«Le Major Davel», 1994, sérigraphie + collotype, 150 x 135 cm, 16 ex./ Arches, épuisé, Item éditions, Paris.





Suite de l'enquête sur le Major introuvable.
Devant la difficulté à trouver ne serait-ce qu'une image du Major Davel dans son état actuel (je rappelle qu'il a été incendié en 1980), j'ai décidé de m'adresser à Catherine Lepdor, conservatrice au Musée cantonal des beaux arts, directrice ad interim, responsable des collections d'art ancien et moderne, à qui l'on doit l'exposition «Charles Gleyre, le génie de l'invention» et qui a dirigé l'édition du catalogue éponyme. (Ce catalogue est éventuellement achetable ici.)


Grand merci à Catherine Lepdor d'avoir bien voulu répondre à quelques questions que je lui ai soumises par e-mail. J' ai trouvé rassurant d'apprendre, grâce à ses indications, que si les musées n'ont pas vraiment les moyens qu'ils souhaitent, s'ils sont, comme c'est le cas à Lausanne, encore à construire dans un avenir plus ou moins lointain et fantasmatique, si la place manque et si l'argent manque, on peut toujours compter sur les artistes pour prendre soin eux-même de leur tradition. C'est en effet grâce à Sophie Calle qu'on trouve sur le net l'unique reproduction du «Major Davel» tel que les flammes l'ont abandonné, accompagné de cette dernière phrase: «C'est tout ce qui reste à part le soldat qui pleure… A croire que ses larmes ont arrêté le feu.»

Questions à Catherine Lepdor, 10 et 14 octobre 2006:


Première question, un peu anecdotique mais indispensable: Existe-t-il une reproduction du «Major Davel» dans son état actuel? Si oui, est-elle disponible sur internet?

Catherine Lepdor: Le fragment du soldat qui pleure a été reproduit à de nombreuses reprises, le plus fréquemment dans des ouvrages consacrés à l’iconoclasme, le plus récemment dans le catalogue de l’exposition présentée actuellement au Musée des beaux-arts. Sur internet il apparaît associé au nom de Sophie Calle, puisque l’artiste s’est penchée sur la mémoire de ce tableau et s’en est inspirée pour une œuvre réalisée à l’occasion de son exposition à Lausanne en 1994 : «Sophie Calle. L'absence». Voir www.itemeditions.com


Quelle est la politique du Musée cantonal des beaux-arts concernant internet? y a-t-il un budget spécifique? considérez-vous qu'il est important d'avoir un site bien documenté et accessible?

Le Musée dispose d’un site internet depuis un peu plus d’une année. Voir www.beaux-arts.vd.ch. Il a été créé à l’interne en collaboration avec la cellule web du Canton de Vaud. L’absence d’un budget spécifique n’a pas permis de lui donner l’ampleur souhaitée et souhaitable. Il va de soi que les musées aujourd’hui ne sauraient se passer d’un site qui aille au-delà de la simple présentation de leur institution et de leur programmation. Comme le musée lui-même, le site internet doit être un lieu de fabrication, de transmission et d'acquisition de connaissances. Projet d’avenir donc mais revêtant un caractère d’urgence à mes yeux, car essentiel pour le rayonnement du musée des beaux-arts de Lausanne et pour la communication de notre projet de construction d’un nouveau musée (nMBA) à Bellerive.

Concernant internet, y a-t-il des sites ou des blogs (consacrés à l'art) que vous fréquentez régulièrement ? Y cherchez-vous plutôt de l'information d'actualité, des dossiers approfondis, ou des prises de positions?

Internet est devenu un instrument de travail irremplaçable et je fréquente quotidiennement quantité de sites. Pour me tenir informée de l'actualité artistique et politique. Pour mes recherches scientifiques, je préfère travailler en bibliothèque, les informations étant plus facilement vérifiables. La question sur le net demeure en effet toujours pour le scientifique: qui parle? à quel titre? Essentiellement, je demeure attachée au livre et à sa matérialité, préférant feuilleter ses pages, demeurer active et critique, que me laisser hypnotiser par un écran.


Un site de musée vous semble-t-il particulièrement réussi?


Les premiers qui me viennent à l'esprit sont le site du Musée d'Art Moderne Grand-Duc Jean à Luxembourg, conçu par l'artiste Claude Closky: www.mudam.lu, et le site du Magasin - Centre national d'Art Contemporain, à Grenoble, dont la page d'entrée est renouvelée régulièrement et confiée à des artistes: www.magasin-cnac.org

A propos du nouveau musée (nMBA) en projet, peut-on déjà savoir quelle place (le mot-clé !!) sera dévolue à la collection permanente et en particulier au fonds Gleyre?

Le nouveau musée, comme le demandait le programme du concours international d’architecture en vue de son édification, sera un lieu d’activités s'ordonnant autour de 4 centres de gravité:
– la fabrique des connaissances (où s'élaborent les connaissances visuelles et les projets)
– le conservatoire (où se stocke, se conserve et s'étudie une mémoire)
– les services (où se gère un outil culturel vivant).
– les espaces publics (où se présentent les projets et s’éduquent des citoyens)

A l’intérieur des espaces publics, consacrés aux expositions temporaires et à l'exposition permanente des collections, cette dernière devrait occuper 3/5 (1'800 m2) du total des surfaces. Il est d'ores et déjà prévisible que la moitié environ de la présentation permanente sera consacrée à l'art européen du XVIIIe siècle à la
Deuxième Guerre mondiale, et l'autre moitié à l'art international de l'Après-Guerre à nos jours. La mise en valeur des ensembles monographiques les plus importants du Musée (Louis Ducros, Charles Gleyre, Félix Vallotton, et Louis Soutter) est incontournable. Ce sont ces fonds qui contribueront à donner au musée son profil spécifique.
Une ou deux salles d’environ 200 m2 devraient être réservées à des expositions-événements organisées sur la base des collections du musée, en rotation rapide (environ 4 par année), une autre manière de présenter l’œuvre de Charles Gleyre, entre autres.

Lausanne, 10 et 14 octobre 2006.