10/11/2008
Lombrics
La peinture arrive parce qu'elle peut. Elle est en état d'invention permanente, elle n'a, a priori, rien à faire là. Dans mes peintures, je cherche à vider le passé de son passé et le présent de son présent pour verser l'un dans l'autre. Je fais des connections, des associations et celles qui fonctionnent le mieux sont les plus incongrues. Par exemple je peins ma chienne qui vient de se faire opérer, elle a une énorme cicatrice sur la cuisse et je la peins de manière cubiste. A côté, je peins mon balai, celui que j'utilise pour balayer mon atelier. Le pathos de la chienne blessée et recousue donne au balai un air solennel, comme un totem; mais l'idiotie du balai, qui est posé là sans aucune raison, sape le drame naissant et fait penser que la douleur, après tout, c'est l'infini à la portée du caniche. Pour cette lithographie, «ulcer», j'ai dessiné un paysage pseudo-jurassique, très pathétique lui aussi, mais comme je n'ai eu ni le temps, ni l'intérêt de me documenter sur cette époque qui n'existe que pour les géologues et pour les vers de terre, je me suis inspiré de ce qu'on appelle les viscères ou les entrailles, les miennes en l'occurence. Comme le jurassique, je ne les ai jamais vues, mais je les sens, je les imagine. Avant de les donner à manger aux lombrics.
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